Written by Les premiers mois à l’université sont passés et l’excitation de la nouveauté a laissé place à la routine. Chacun et chacune a retrouvé son cercle proche avec qui s’asseoir sur les bancs d’Amphipôle ou d’Internef, les endroits les plus attractifs du campus de l’Université de Lausanne pour manger ou encore réviser. Il se peut qu’au cours de la relecture d’un cours, d’une formule alambiquée, d’une notion vague ou d’un concept, une idée surgisse : pourquoi ne pas les mettre directement en pratique ?
Les premières idées
C’est en tout cas ce qu’avancent Firas et Vincent, deux jeunes étudiants à HEC Lausanne qui ont lancé, en parallèle de leurs études, leur entreprise. Il s’agit de Lausanne Drone, une société spécialisée dans la production de vidéos par drone pour particuliers. Concernant les notions qu’ils ont apprises en cours, l’un d’eux déclare : « À HEC, tu apprends la comptabilité, tu apprends à gérer une entreprise. Il y a aussi la gestion du processus opérationnel, la légalité ou encore le droit d’entreprise ou ce qui concerne les contrats. » Entreprendre peut donc s’avérer être un excellent moyen de réviser les cours. Vincent complète les propos de son associé : « Moi, je suis plutôt axé sur le côté business de l’entreprise. Entreprendre, ça m’a permis vraiment de développer ce que j’avais appris et ce que j’avais vu du monde corporate ». Mettre en pratique la théorie vue en cours, c’est également ce que fait l’un de leurs camarades de cursus. Julien est entrepreneur dans le domaine du karting en Suisse, et il partage le même point de vue : « J’ai l’impression qu’HEC m’a permis d’avoir une vue d’ensemble sur un business. Et même si c’est très théorique, il y a plein de choses que je peux mettre en pratique dans mon entreprise ! »
Mais la théorie ne sert à rien en tant que telle. En effet, il est nécessaire d’avoir l’idée qui l’accompagne. Cette idée peut émerger de plusieurs manières. Parmi celles-ci, Vincent en avance une : « L’un d’entre nous était passionné de drones à la base. Et on s’est dit pourquoi pas essayer de se lancer dans l’entreprise, parce que peut-être qu’il faudrait mettre ces talents à usage ». Mais la passion n’est pas l’unique déclencheur possible. La vie de tous les jours peut être aussi une source d’inspiration, comme le rappelle Julien : « Je me suis retrouvé face à des situations où je voulais personnaliser mes équipements de karting, et j’ai remarqué que c’était un petit peu compliqué, et cher, et que ce n’était pas un processus très fluide. » C’est ce constat qui l’a encouragé à créer Cellar Gear, puis Kartel Coaching, son école qui a pour but de rendre plus accessible le karting.
L’idée est le moteur de la machine entrepreneuriale, mais pour continuer à l’alimenter, il y a . Et ce carburant, c’est la passion. Vincent explique ainsi : « Quand on est passionnés, on ne compte pas les heures : on essaie, on apprend, on pousse les limites. ». C’est la même passion qui donne l’envie de se lancer à corps perdu dans le monde du business. Bien que ce monde exige un investissement personnel considérable. Et si l’on souhaite s’y adonner complètement, il y a un nouvel obstacle auquel il faudra faire face. Cet obstacle, en tant qu’étudiant, se remarque très vite lorsqu’on ouvre son agenda. Entre les cours, les soirées, la famille… où trouver le temps pour son business ?
Lorsque le temps devient un obstacle
C’est le premier obstacle auquel tout entrepreneur se confronte. Une journée dure vingt-quatre heures, et chaque minute s’avère précieuse, particulièrement quand il s’agit de gérer une entreprise à côté de ses études. « Un cours de karting, ça dure trois heures, mais le temps d’y aller et de rentrer chez moi et en comptant la fatigue, ça me coûte six heures de temps réel. Par conséquent, ça m’enlève six heures de révision possible. » Il paraît donc important de savoir gérer à la fois le temps investi dans les études et celui investi dans son business. Vincent le souligne : « Au début, tu fais tout de manière éparpillée, tu ne sais pas trop où tu vas donc tu patauges, tu pédales dans le vide ». Il y a néanmoins un moyen très clair d’éviter cette situation : s’organiser. Et c’est une capacité qui s’apprend avec l’expérience. Firas explique : « Avec le temps et l’expérience, on apprend à s’organiser. Ça m’a appris personnellement à porter une double casquette d’étudiant et d’entrepreneur, et à m’y habituer. »
L’organisation passe aussi par le sacrifice de certains plaisirs, comme l’explique Vincent : « Au début, tu dois payer un coût de l’effort, c’est obligatoire parce que quand tu commences, tu dois le faire le sacrifice : c’est obligatoire. » Ce sacrifice, c’est oser dire non aux propositions de ses potes, c’est oser dire non aux soirées proposées par les associations d’étudiants. C’est aussi accepter de passer pour le rabat-joie de service auprès de son entourage. Dis comme ça, c’est très peu alléchant comme mode de vie.
Mais ça ne représente pas une fatalité pour autant, car c’est surtout au début de l’entreprise que ces sacrifices sont nécessaires. « C’est sûr que quand j’ajoute le business aux études c’est un peu compliqué à gérer, mais ce sont des périodes. ». Même si ces mots de Julien peuvent faire il ne faut toutefois pas voir les études et le business comme deux modes de vie antithétiques.
Entreprendre, une opportunité de mise en pratique
Cela a déjà été évoqué : entreprendre, c’est aussi un moyen de mettre en pratique ce qui a été vu et appris en cours. Ce sont deux modes de vie qui peuvent être complémentaires à condition de le voir sous le prisme de l’opportunité. Par ailleurs, l’université offre un cadre dans lequel il est possible non seulement d’apprendre des enseignants, mais aussi des autres. « Au sein d’HEC, tu rencontres des gens qui sont à des années-lumière de toi en termes de business et d’entreprenariat. Mais aussi inconfortable que ce soit pour son orgueil, ça nous pousse de l’avant et ça hausse la barre ». Ce que Firas confie permet également de prouver le fait qu’être aux études, c’est aussi un moyen de s’inspirer d’autres personnes qui ont également fait le choix d’entreprendre.
Et ces personnes, ce sont autant celles qui s’assoient à vos côtés dans les amphis que celles qui s’engagent dans la vie associative. Il y a plus de 223 associations qui existent, vivent et font vivre le campus de l’UNIL. C’est donc 223 espaces et opportunités où il est possible de rencontrer des gens inspirants pour se lancer dans le grand bain de l’entrepreneuriat.
Conclusion
Il est donc possible d’entreprendre tout en étant aux études. Beaucoup de personnes sur le campus le font et parviennent à assumer les responsabilités que demandent les fonctions – à commencer par les trois personnes qui ont été interviewées. Mais pour assurer tant dans le business qu’aux examens, il est important non seulement de s’organiser, mais aussi de gérer au mieux son temps. Il faut avoir conscience qu’il s’agit de deux styles de vie distincts, qui pourtant se complètent sur plein de domaines, notamment lorsqu’il s’agit d’exercer et de mobiliser les notions qui ont parfois nourri des cauchemars durant les sessions d’examens.
Pour celles et ceux qui hésitent encore à se lancer, peut-être que les prochains conseils seront utiles. « Il faut se faire confiance, à toi, à tes associés, parce qu’il y a des fois où tu verras pas le bout. Mais c’est important de toujours y croire ». À cela, l’associé de Vincent, Firas, ajoute : « Il faut aussi être diligent dans le processus, et donc d’investir intelligemment ». Enfin, Julien avance ce dernier conseil : « Acquérir un maximum d’expériences et de compétences pour le business. »
O’Regan Richard
Innovation Time Lausanne
Last modified: 4 décembre 2025
