Essor des cryptos : bonne ou mauvaise nouvelle ?

Ecrit par| Événement, Innovation Time Lausanne

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Le 11 novembre dernier, dans le cadre de la Global Entrepreneurship Week, l’AEDL nous proposait une superbe conférence sur les cryptomonnaies. Durant une heure, Maître Naret et Maître Lombardini exposèrent avec verve leurs opinions respectifs sur l’émergence de cette nouvelle technologie. Une fois cet article terminé, tu seras comme moi en mesure de te faire ta propre opinion sur ce phénomène, dont seul un résidant de Lascaux n’a jamais entendu parler !

Mais avant toute chose, il est important de quelque peu s’attarder sur les notions importantes. Alors si tu ne comprends rien aux discours de ton pote féru de cryptos qui ne pense qu’à miner du Bitcoin ou vendre ses ETH, ces quelques lignes sont faites pour toi !

La crypto so quoi ?!

Imaginons que tu doives rembourser ton pote pour l’Airbnb de Barcelone qu’il a payé, il te faudra passer par l’intermédiaire de ta banque pour que ton argent passe de ton compte au sien. Tu recevras ensuite une écriture confirmant la transaction. Cette écriture sera également répertoriée dans le livre de compte de la banque, à côté de toutes les transactions déjà effectuées par des endettés de ton espèce.
Imaginons maintenant que tu rembourses ton pote en crypto. Ce n’est plus la banque qui fait office d’intermédiaire de confiance mais tous les utilisateurs de la blockchain. Le registre étant public, c’est l’ensemble des membres du réseau qui scelle la transaction grâce à ta signature électronique et une fonction de hachage. En gros, cette fonction transforme les données de ta transaction en une suite de caractère unique et incompréhensible, ce qui assure qu’elle n’a pas été modifiée. Ainsi, chaque transaction donne naissance à un nouveau bloc dont la sécurité est garantie par une fonction de hachage. La Blockchain est donc un livre de compte 2.0 (bloc… chaîne… t’as capté) tandis que la crypto est la monnaie que l’on échange au sein du réseau Blockchain. Plus besoin de banques ! A noter qu’il existe différentes cryptomonnaies telles que le Bitcoin, l’Ethereum ou le Dodgecoin.
Enfin, les mineurs sont les ouvriers indispensables au fonctionnement de la blockchain. Grâce à de savants calculs, ils s’esquintent à trouver la bonne fonction de hashage. Une fois celle-ci trouvée, un bloc peut être créé. Le premier mineur à y parvenir est rémunéré en cryptomonnaie. Malheureusement, les mineurs des temps modernes sont très loin de ressembler à Simplet et ses six compagnons mais s’apparentent à des ordinateurs surpuissants, tournant à plein régime et parfaitement à-même de contribuer au dérèglement climatique. L’essor des cryptos est tel, qu’elles ont désormais leur propre cours boursier (tu peux acheter des Bitcoins comme t’achètes des actions Tesla). Le cours des cryptomonnaies a la particularité d’être très volatile (un tweet de notre cher Elon et les prix s’emballent) !
Trêves de mondanités, passons aux choses sérieuses.

La crypto c’est l’avenir !!

Aux yeux de Maître Naret, le « dataïsme » révolutionne toutes les industries et il semble logique que le domaine de la monnaie ne fasse pas exception. Ainsi, nous serions à l’aube d’une révolution analogue à celle vécue par boomers et millennials suite à l’avènement d’internet.
Selon lui, il y a cinq raisons rendant cet avènement inévitable :
– La sécurité : Grâce à la confiance des acteurs en le système, des transactions sont réalisables.
– La décentralisation : Les cryptomonnaies offrent la possibilité de payer simplement un tiers vivant à Taipei.
– La confidentialité : Les données personnelles des utilisateurs ne sont jamais communiquées.
– L’inviolabilité des données : De part la complexité des fonctions de hashage, il est impossible de falsifier une crypto.
– L’offre limitée : les cryptos ont un nombre limité. Ceci leur confère un caractère déflationniste .
D’un point de vue juridique, la législation actuelle est plutôt favorable aux cryptos puisque les gains amassés sur la fortune personnelle ne sont pas imposables . De plus, le transfert des cryptos n’est pas spécialement réglementé. On applique en revanche le droit des papiers-valeurs à certaines cryptomonnaies . Ceci leur confère une certaine stabilité juridique.
En somme, tu as tout intérêt à te familiariser le plus rapidement possible avec Bitcoins, Ethereum et consorts, sous peine de ne plus rien comprendre au monde de 2030 !

La crypto c’est mal !!

Vient le tour de Maître Lombardini. Derrière son écran, le professeur de droit bancaire à l’université de Lausanne ne cache pas son scepticisme concernant les cryptomonnaies. S’il reconnait l’apport intellectuel de la technologie, il met sérieusement en garde l’assemblée contre ses dangers !
Ainsi, l’avocat commence par pointer du droit l’opacité derrière le fonctionnement des cryptos. Il est en effet très difficile de parfaitement saisir comment ça marche. Ceci nous oblige à accepter les aspects techniques comme un dogme (difficile de lui donner tort…).
Juridiquement parlant, il dénonce l’opacité de la confidentialité chère à M. Maret : “Qui nous dit que les 156 millions de Bitcoin ne sont pas détenus par des terroristes ?” Cet anonymat ouvre la porte à des possibilités de blanchiment d’argent quasi illimitées. Là où M. Maret pointait le droit des papiers-valeurs pour encadrer le marché, M. Lombardini dénonce le criant manque de législation en comparaison avec celui auquel les banques sont astreintes.
Enfin, il termine en fustigeant le marché des cryptos considéré comme trop volatile, intangible et pas assez réglementé. En effet, contrairement aux autres marchés boursiers, il n’y a « rien » derrière une crypto. Lorsqu’un investisseur achète des actions Tesla, il parie que l’entreprise d’Elon prendra de la valeur via une énième innovation de haute facture ou grâce à une conjoncture favorable. Cette tangibilité confère au marché une sécurité suffisante qu’on ne retrouve pas sur le marché des cryptos : “C’est chaotique, tout le monde peut intervenir et modifier les prix !”

Conclusion

En somme, je pense que les cryptos sont un formidable outil dont on aurait tort de se priver. En tant qu’étudiant, je considère que nous sommes dans une position idéale temporellement parlant, pour comprendre le fonctionnement du marché afin de pouvoir saisir les opportunités qui nous seront offertes prochainement ! Néanmoins, cette technologie demeure très abstraite : En Europe, il est encore impossible de payer ses factures en cryptos. Ceci rend la crypto compliquée à comprendre et à prendre en main pour le grand public. Je pense également qu’il faut faire très attention aux réserves émises par M. Lombardini qui sont fondées et dont nous devons nous prémunir en définissant rapidement un cadre légal adapté à l’expansion de la Blockchain.
Et toi ? Que penses-tu des cryptos ?

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Ismael Eliot Kane

Last modified: 17 février 2022

One Response to :
Essor des cryptos : bonne ou mauvaise nouvelle ?

  1. Saïd BOUARI dit :

    Le monde semble dubitatif face aux cryptomonnaies. Le Salvador a fait du bitcoin sa monnaie. L’inde compte taxer de 30% les bénéfices en crypto; c’est peut être déjà le cas. Je ne sais plus. La Thaïlande avait un projet similaire mais qui a échoué au final, il me semble. Le bitcoin a perdu près de 40% de sa valeur en début d’année par rapport à son pick. Bref, c’est un monde chaotique. A chacun de faire ces recherches et de se positionner. Très belle article Kane.

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