Ibrahima Kalil Camara, étudiant en 2ème année de Bachelor HEC à l’UNIL et fondateur du centre Soutien-Omni-Scolaire (SOS), nous présente son entreprise. Découvrez l’histoire inspirante de ce jeune entrepreneur et sa quête de réussite, à travers un article alliant interview et narration.

Fondateur du centre Soutien-Omni-Scolaire (SOS)
Pour le fondateur de ce centre de soutien extra-scolaire, aucun déclic entrepreneurial n’a été nécessaire, car cette « fibre entrepreneuriale » a toujours fait partie de lui-même. Dès son plus jeune âge, il entreprenait déjà à sa manière :
« J’achetais des produits pour les revendre, je trouvais des opportunités commerciales, c’est pourquoi l’idée de créer un business et passer à l’action ne m’a jamais fait peur. […] Alors pourquoi attendre ? »
Animé par l’envie de bâtir quelque chose de significatif, Ibrahima s’est toujours efforcé de développer des projets utiles, faisant sens tant pour lui que pour les autres. Autrement dit, pour lui, être entrepreneur ne se résume pas uniquement à gagner de l’argent – il s’agit aussi d’œuvrer pour le bien commun. Ibrahima entreprend avec un cœur aussi grand que son ambition : on parle alors « d’entreprenariat social ».
Entreprenariat social : innovation au service de l’intérêt collectif
Ibrahima cherche à aider ses élèves à améliorer leurs résultats scolaires et à retrouver confiance en eux, une opportunité dont il n’a pas pu bénéficier lorsqu’il était plus jeune. Agissant au service de l’intérêt général, il fait figure d’entrepreneur social, ou changemaker – une approche qui repose sur quatre principes clés :
- En tant que visionnaire, cet entrepreneur s’attaque à la problématique complexe et systémique de l’éducation nationale. Il se lance ainsi la mission sociale de résoudre un besoin sociétal : accompagner les étudiants en difficulté scolaire.
- Avoir un modèle économique viable, permettant d’assurer l’autonomie financière de l’entreprise.
- S’inscrire dans un processus collaboratif impliquant plusieurs parties prenantes. « Fait par des jeunes, pour des jeunes », Ibrahima sélectionne les meilleurs étudiants universitaires afin d’en faire des enseignants – alliés pour ses élèves. « Beaucoup d’élèves sont démotivés ou rencontrent des difficultés avec le système scolaire classique. Nous voulons que nos enseignants leur redonnent espoir et confiance ».
- Viser à avoir un impact mesurable en générant un changement concret et durable.
Qu’est-ce qui t’a poussé à te lancer dans le secteur de l’éducation ?

Session d’étude surveillée
Ibrahima : Mon parcours est atypique et semé de défis. J’ai moi-même dû surmonter de nombreuses difficultés académiques et personnelles pour arriver là où je suis aujourd’hui. En observant autour de moi, j’ai réalisé que beaucoup d’élèves étaient livrés à eux-mêmes, sans cadre structurant ni accompagnement adapté à leurs besoins. J’ai toujours aimé aider les autres et mon rêve a toujours été d’avoir un impact positif sur la vie des gens. En combinant cela à ma volonté d’entreprendre, le soutien scolaire s’est imposé comme une évidence. Ce n’était pas forcément le domaine dans lequel j’imaginais créer ma première entreprise, mais l’opportunité était là et je me suis lancé sans attendre.
Prologue de l’entreprise
« J’ai littéralement démarré mon entreprise dans mon salon, avec des élèves qui venaient suivre mes cours. Un jour, un voisin s’est plaint auprès de la régie, qui m’a immédiatement interdit d’organiser des cours chez moi. »
Face au premier d’une longue série d’obstacles, l’entrepreneur social ne se laisse pas décourager. Il est hors de question d’abandonner ses premiers élèves qui comptent sur lui. Pour contourner la situation, il trouve alors une solution temporaire : demander à ses frères de faire entrer les élèves par la porte du garage afin de déjouer les voisins importunés.
Ibrahima ajoute : « C’est à ce moment-là que j’ai compris que je ne pouvais pas m’arrêter. Ce n’était plus juste une idée, c’était un projet qui devait exister. »
Et aujourd’hui ?
Avec deux centres à Vevey et Lausanne, SOS fonctionne à plein régime ! Pour répondre à la demande croissante, trois jours par semaine, plusieurs sessions d’études surveillées sont proposées, en plus des leçons individuelles à domicile ou dans les centres.

Trois professeures SOS
SOS se distingue par son approche personnalisée, dynamique et motivante. En effet, le centre répond à un manque flagrant du système éducatif national qui privilégie souvent « l’avancée du programme au détriment des élèves plus lents ». Ibrahima confie lui-même : « Contrairement aux entreprises classiques, nous sommes des étudiants qui comprenons réellement le stress et les défis scolaires. Nous avons vécu ces situations récemment et savons comment les aider efficacement ». Ainsi, cette entreprise s’engage à devenir un véritable allié des élèves, en particulier pour ceux qui souffrent de phobie scolaire ou ceux délaissés par le système, afin de leur redonner confiance.
Récemment, SOS a lancé une application et mis en place un réseau intranet, intégrant ainsi la technologie à l’éducation pour améliorer l’expérience aussi bien des parents que des élèves. Ces outils permettent de publier en toute transparence un rapport pour chaque enfant et chaque session d’études, assurant ainsi un suivi clair et régulier pour les parents.
Apprentissage scolaire vs. extra-scolaire
Ibrahima : Le système éducatif est trop rigide et n’offre pas assez de flexibilité pour s’adapter aux besoins individuels des élèves. Il met trop l’accent sur la théorie et pas assez sur la motivation et leur confiance en eux. Beaucoup se retrouvent démoralisés et abandonnent alors qu’ils ont du potentiel. […] L’apprentissage doit être davantage personnalisé et flexible. Trop d’élèves sont laissés de côté parce que l’école suit un cadre rigide qui ne correspond pas à tout le monde. Nous voulons offrir une alternative plus adaptée, où chaque élève progresse à son rythme, avec un accompagnement motivant et bienveillant.
Challenges Entrepreneuriaux
Tout bon chemin entrepreneurial ne peut se faire sans embuches. Parmi les nombreux défis rencontrés, l’entrepreneur nous dévoile que les contraintes administratives n’ont pas toujours été faciles pour lui. D’autant plus sur le plan financier : il révèle notamment avoir dû financer l’intégralité de son projet avec ses fonds propres, représentant une pression considérable pour un étudiant et jeune entrepreneur. Entre autres, le recrutement a posé lui aussi un défi considérable pour l’entrepreneur car trouver des enseignants à la fois compétents et pédagogues est, bien souvent, plus compliqué que prévu. De ces nombreux obstacles, Ibrahima retient une leçon importante : on ne peut pas tout faire tout seul. S’entourer d’une équipe motivée et digne de confiance est primordial pour le bon fonctionnement de l’entreprise, sans oublier qu’il a un Bachelor à terminer à l’université !
Avec l’ambition d’élargir leur offre en intégrant davantage de technologie, notamment à travers des formations en ligne, et de développer de nouveaux centres en Suisse, SOS n’est pas prête de ralentir ses activités. Fidèle à sa mission sociale, l’entrepreneur refuse d’admettre avoir fondé Soutien-Omni-Scolaire tout seul. Pour lui, son succès repose sur l’engagement des enseignants et des élèves. Ensemble, ils contribuent à améliorer l’éducation nationale. Nous lui souhaitons un franc succès dans cette belle mission !
- SOS : www.soutien-omni-scolaire.ch | Instagram : @soutienomniscolaire
Luca Singarella
Innovation Time Lausanne
Last modified: 31 mars 2025