Bien qu’on essaie souvent de balayer sous le tapis les potentielles incompatibilités entre collègues de différentes générations, il est essentiel d’étudier les dynamiques psychologiques de tout poste de travail pour en comprendre le réel potentiel productif. Il se peut, en effet, que la communication et la collaboration entre différentes générations aient un impact majeur sur l’efficacité et la prospérité d’une entreprise.
Une question vient alors à l’esprit : est-il possible d’optimiser la coopération entre différentes tranches d’âge et, par conséquent, favoriser la croissance professionnelle des plus jeunes ?
Innovation Time a choisi d’explorer ce sujet lors de la Geneva Entrepreneurship Week (GEW) en accueillant deux conférenciers d’exception : Alban Mayne, co-fondateur de Beauty Disrupted, et Mäel Fabien, CEO et co-fondateur de biped.ai, approfondissant le propos à partir de retours d’expérience.
La communication au cœur des relations
C’est bien connu, la communication joue un rôle primordial dans nos relations aussi bien personnelles que professionnelles. Une conduite honnête et transparente entre les membres d’une même équipe favorise les échanges fructueux, créant ainsi un climat de travail sain et propice au développement de projets prometteurs.
C’est pourquoi, il est essentiel de tenir compte des aspirations de chaque génération. Pour ce faire, les pratiques managériales jouent un rôle clé. Or, les managers sous-estiment encore trop souvent l’impact qu’ils peuvent avoir sur leurs équipes.
D’après Alban Mayne, le plus important relève alors de la gestion des erreurs, à savoir notre capacité à les reconnaître et en tirer des enseignements, et ce à tout âge et à tout niveau hiérarchique. Il est en effet dans l’intérêt de tous de rester ouverts aux autres membres de l’équipe et à leurs feedbacks, aussi bien positifs que négatifs. Pour que cela fonctionne, chaque membre doit pouvoir mettre à profit ses propres compétences, tout en maintenant l’esprit d’équipe. Comme Mäel Fabien le dit bien :
“L’expertise complémentaire permet de constituer des équipes fortes, originales et productives.”
Le mentoring : une solution ?
Un phénomène récurrent et couramment observé en entreprise tient à la différence de valeurs entre les membres les plus jeunes et les plus âgés. Cette opposition peut parfois induire des malentendus, et même des conflits, si celle-ci n’est pas résolue.
Selon Mäel Fabien, CEO et co-fondateur de biped.ai, les jeunes, fraîchement sortis de leurs études, ont davantage tendance à proposer des outils modernes dans l’air du temps, tels que l’utilisation de l’Intelligence Artificielle. En revanche, ils sont aussi plus enclins à se laisser emporter par leur passion, au risque de perdre de vue leurs objectifs et leur objectivité. Les seniors, quant à eux, sont plus à même de rester fidèles aux missions d’origine et ce malgré leurs lacunes technologiques.
Dans ce contexte intergénérationnel quelque peu complexe, les systèmes de mentorat binaire se révèlent être extrêmement pertinents. En effet, apprendre et retenir les expériences des autres peut devenir une ressource importante dans les moments les plus inattendus, ajoute Alban Mayne. Ainsi, le partage d’expérience d’un membre senior peut enrichir aussi bien celui qui écoute que celui qui partage. De leur côté, les jeunes peuvent apporter l’enthousiasme, l’énergie, le dynamisme et la vision nécessaires pour motiver les autres dans la poursuite de leurs propres idées. Ils recherchent avant tout un sens à leur travail – leurs ambitions professionnelles alimentent un besoin collectif de reconnaissance qui s’estompe au fil du temps.
Les investissements, entre simplicité et complexité
En créant une entreprise, les jeunes peuvent souvent bénéficier d’un soutien financier de la part des universités, ainsi que des business angels. Ces derniers investissent leur patrimoine financier dans des sociétés innovantes issues d’écoles prestigieuses telles que l’EPFL ou l’ETHZ, dont la réputation n’est plus à faire. Cependant, dans la société suisse actuelle, ces investissements s’adressent davantage aux personnes encore en études ou fraîchement diplômées. Mais une fois la trentaine passée, il devient plus compliqué d’en bénéficier, la période des études étant généralement révolue. Inspirer confiance devient alors crucial pour se rapprocher des potentiels investisseurs.
Ne pas s’arrêter aux idées préconçues
Les deux intervenants sont d’accord sur un point : on ne peut présumer les besoins des clients sur la base d’idées préconçues, car cela s’avère souvent préjudiciable. Les stéréotypes liés à l’âge sont particulièrement présents. Par exemple, Alban Mayne souligne que les clients plus âgés se sentent souvent concernés par la question du réchauffement climatique, même si l’on pourrait penser le contraire. L’arrivée d’un produit sur le marché doit donc être testée “en direct” et non pas conditionnée par des suppositions, souvent erronées. Le risque : être biaisé par rapport au marché ciblé et s’orienter vers un produit moins adapté aux besoins réels des clients.
Ainsi, la conférence s’achève sur une belle leçon à retenir : les différentes générations ont beaucoup à s’apprendre. Garder l’esprit ouvert et rester à l’écoute des collègues et des clients permet de mieux se comprendre et ainsi, d’aller de l’avant ensemble. Un projet à succès, n’est-il pas le fruit d’une équipe collaborative ?
Anita
Innovation Time Genève
Last modified: 25 mars 2024